Volet éducatif

Plusieurs artefacts en lien avec le mouvement coopératif acadien seront exposés en plus de présenter un montage audio-visuel relatif à son évolution. Quelques maquettes de différentes formes d’énergie renouvelable seront exposées dans une pièce avoisinante, accompagnées de jeux éducatifs. À cela s’ajoute dans une autre pièce des engins de pêche miniatures (anciennes embarcations, goélettes, bateaux côtiers et semi-hauturiers, etc.).

Le mouvement d’Antigonish

Au cours des années 1930, la création de cercles d’étude par des enseignants de l’université St. Francis Xavier d’Antigonish, en Nouvelle-Écosse, sert de tremplin à la diffusion de ce qu’il est convenu d’appeler le mouvement d’Antigonish. En misant sur l’individu, le mouvement d’Antigonish déclenche une expérience de reconstruction sociale, dans laquelle l’entraide redonne confiance à une population qui affronte des changements sociaux difficiles. Ce mouvement préconise l’enseignement aux adultes comme moyen d’amélioration sociale et d’organisation économique. 

Moses Coady et James Tompkins

Un groupe de prêtes du diocèse d’Antigonish, notamment les pères Moses Coady et James Tompkins, familiarisés avec les méthodes d’animation sociale et d’éducation des adultes utilisées en Europe, veulent vaincre les sentiments d’impuissance et de morosité qui affectent une partie de la population des provinces Maritimes. Tous deux ont poursuivi des études au collège de la Propagande à Rome. Au cours de leurs voyages en Europe, ils ont assisté à des conférences portant sur l’éducation et sont entrés en contact avec de nouvelles méthodes d’enseignement aux adultes utilisées en Irlande, en Angleterre et en Scandinavie. De retour en Amérique, ils se familiarisent avec les cours d’éducation destinés aux adultes, offerts par l’université du Wisconsin, aux États-Unis, et l’université de l’Alberta, à Edmonton. L’intérêt des pères Coady et Tompkins pour cette question est stimulé par les encycliques Rerum Novarum du pape Léon XIII, en 1891, et Quadregesimo Anno de Pie XI, en 1931. De plus, De plus, il travaille si efficacement à faire connaître les difficultés des pêcheurs des Maritimes qu’une Commission royale est formée pour faire enquête sur leur situation. 

Les cercles d’étude

Le cercle d’étude est la méthode employée par les éducateurs de l’université St. Francis Xavier durant les années 1930 et 1940 pour intervenir dans les diverses communautés des Maritimes et changer les mentalités. L’Extension Department de cette université devient un centre d’éducation populaire des adultes. La pédagogie utilisée par le cercle d’étude se situe au niveau du partage de l’expérience des adultes; elle vise non seulement la réflexion, mais aussi l’action qui s’ouvre sur la pratique, c’est-à-dire sur la création d’une association coopérative. Le cercle d’étude est une forme d’éducation originale qui diffère de l’éducation traditionnelle. Un petit groupe de gens, de préférence pas plus de douze, se réunissent régulièrement pour examiner et discuter une question sur laquelle ils sentent le besoin de se renseigner. Les participants étudiaient également les bases du mouvement coopératif. Chaque cercle se réunissait tune fois par semaine. En plus des rencontres hebdomadaires, les cercles d’une même paroisse se réunissent à tous les mois. Ces cercles ont lieu l’hiver puisque les gens sont occupés à la pêche du printemps à l’automne. 

Les propagandistes

Chaque cercle a un chef de groupe responsable d’enseigner aux autres. Le propagandiste, préalablement formé à Antigonish, a un double rôle : en plus d’être un animateur et un éducateur chargé d’éveiller les qualités intellectuelles des participants, il ne doit pas cacher sa «sympathie » pour le mouvement coopératif.

Certificat attestant la réussite d’un cours sur la coopération suivie à l’Université St. Francis Xavier, en Nouvelle-Écosse.

Le succès des cercles d’étude est dû en grande partie au travail des propagandistes et au caractère social des rencontres qui introduisent un peu de variété dans la vie des gens de l’époque. Le propagandiste manifeste des qualités de leadership; il communique avec aisance son enthousiasme et son dynamisme. Afin de favoriser la réflexion et la discussion, il distribue de la littérature sur la coopération, comme des publications, des brochures/tracts et des livres traitant de sujets coopératifs. Pour faciliter la pénétration des idées coopératives chez les Acadiens, un effort particulier est accompli pour distribuer des publications françaises en provenance du Québec ou pour en produire sur place. L’audio-visuel est aussi utilisé pour répandre le message coopératif. Des films sont présentés dans les milieux acadiens dans les années 1940 et 1950. 

H.-J. Soucy, de la paroisse de Clair au N.-B., contribue à l’essor du mouvement coopératif en Acadie de manière générale, mais particulièrement à celui des caisses populaires. En effet, il est l’un des propagandistes notoires de ces dernières et le plus important producteur de matériels littéraires francophones traitant du sujet en Acadie du Nouveau-Brunswick durant les années 1930. Ses articles rédigés dans la langue de Molière sont d’une grande utilité pour les membres des cercles d’étude acadiens qui s’investissent à étudier la question du coopératisme et des caisses populaires; ces derniers étant majoritairement unilingues français.

Il ne faut cependant pas penser qu’il ne circule aucun ouvrage traitant du coopératisme rédigé en langue française en Acadie avant que H.-J. Soucy y apporte ses contributions. Le Catéchisme des caisses populaires de l’abbé Philibert Grondin du Québec est fort répandu et étudié dans les cercles d’étude à l’époque. Notons d’ailleurs que cet ouvrage est cité à de nombreuses reprises par plusieurs propagandistes acadiens et il est même reproduit dans le journal L’Évangéline.

Avant-goût de quelques artefacts

Ces brochures (dépassant les cent pages et couvrant les sujets suivants : doctrine coopérative, caisses populaires, coopératives de consommation, l’éducation coopérative, histoire de la coopération, organisation et administration financière, etc.) acquièrent toute leur importance, car ils propagent l’idéologie coopérative durant la période d’implantation des institutions coopératives en milieu acadien.
Ces écrits, ayant été publiés par l’Union catholique des cultivateur (U.C.C.), permettent de jeter une lumière sur le mouvement coopératif dès ses débuts dans les communautés du Nouveau-Brunswick. Ils nous donnent la possibilité d’observer le discours coopératif de l’époque, de connaître les stratégies de diffusion des idées et d’implantation des institutions coopératives et d’évaluer la progression de l’esprit communautaire.
Ces publications nous font découvrir les arguments utilisés pour vanter les réussites des institutions coopératives, inculquer les valeurs coopératives aux Acadiens, encourager l’esprit d’entraide communautaire et promouvoir le français comme langue de travail et de communication.

Références

  • Thibault, A. (2010). Le mouvement Antigonish : racines et influences. Lévis, Québec : Les Éditions de la Francophonie.
  • Daigle, J. (1990). Une force qui nous appartient : La Fédération des caisses populaires acadiennes. Moncton, Nouveau-Brunswick : Les Éditions d’Acadie.